Recès du Convent de Wilhelmsbad (1782) – (Régime rectifié et Ordre du Temple)

RECÈS DU CONVENT GÉNÉRAL

TENU A WILHELMSBAD

en Juillet et Août 1782

grand-chapitre-clerical

[Rapport du Régime rectifié avec l’Ordre du Temple]

II

 

« Un de nos premiers soins s’est tourné vers l’authenticité du système que nous avons suivi jusqu’à aujourd’hui et le but final, où il doit conduire nos frères.

Après plusieurs recherches curieuses sur l’histoire de l’Ordre des Templiers, dont on dérive celui des Maçons, qui ont été produites, examinées et comparées dans nos conférences, nous nous sommes convaincus, qu’elles ne présentaient que des tra­ditions et des probabilités sans titres authentiques, qui puissent mériter toute notre confiance, et que nous n’étions pas autorisés suffisamment à nous dire les vrais et légitimes successeurs des Templiers que d’ailleurs la prudence voulait que nous quittions un nom qui ferait soupçonner le projet de vouloir restaurer un Ordre proscrit par le concours des deux puissances, et que nous aban­donnions une forme qui ne cadrerait plus aux mœurs et aux besoins du siècle.

En conséquence nous déclarons, que nous renonçons à un système dangereux dans ses conséquences, et propre à donner de l’inquiétude aux Gouvernements : Et si jamais quelque Chapitre ou quelque frère formait le projet de restaurer cet Ordre, nous le désavouerions comme contraire à la première loi du Maçon, qui lui ordonne de respecter l’autorité souveraine. A cet effet et pour décliner à jamais toute imputation sinistre et démentir les bruits semés indiscrètement dans le public : nous avons dressé un. acte souscrit par nous tous et au nom de nos commettants, par lequel nous consacrons cette détermination sage et protestons au nom de tout l’Ordre des Franc-maçons réu­nis et rectifiés devant Dieu et nos frères, que l’unique but de notre association est de rendre chacun de ses membres meilleur et plus utile à l’humanité par l’amour et l’étude de la vérité, l’attachement le plus sincère aux dogmes, devoirs et pratiques de notre sainte religion chrétienne, par une bienfaisance active, éclairée et universelle dans le sens le plus étendu et par notre soumission aux lois de nos patries respectives.

III

Nous ne pouvons cependant nous dissimuler, que notre Ordre a des rapports réels et incontestables avec celui des Templiers prouvés par la tradition la plus constante, des monuments authentiques et les hiéroglyphes mêmes de notre tapis : qu’il parait plus que vraisemblable que l’initiation maçonnique plus ancienne que cet Ordre, a été connue à plusieurs de ces Chevaliers et a servi de voile à quelques autres au moment de leur catastrophe pour en perpétuer le souvenir. En conséquence, et pour suivre tous les vestiges d’un Ordre, qui paraît à un grand nombre de frères avoir possédé des connaissances précieuses, et auquel nous de­vons la propagation de la science maçonnique ; nous nous sommes crus obligés de conserver quelques rapports avec lui et de consigner ces rapports dans une instruction historique.

Et comme nous devons à l’ancien système un plan de Coordination utile et des divisions avantageuses pour maintenir le bon ordre, et qu’en renversant la forme extérieure de notre gouvernement nous romprions sans motif les liens, qui unissent les différentes parties ; nous avons arrêté, que ces rapports seraient conservés dans un Ordre équestre, connu sous le nom de Chevaliers bienfaisants et chargé du régime et de l’administration des classes symboliques. Nous avons divisé la réception dans cet Ordre in­térieur en deux époques : avons arrêté le rituel pour la réception des novices, qui doivent être instruits des devoirs, dont ils con­tractent l’engagement, et avons approuvé l’esquisse du cérémonial de l’armement même des chevaliers, qui reçoivent cette dignité comme récompense  de leurs efforts dans la carrière de la bienfaisance , qui nous a été présentée, et dont la rédaction a été confiée au F. à flumine (de Turckheim). Mais comme quelques Provinces ou Préfectures pourraient avoir quelque raison parti­culière, pour ne pas se servir de cette dénomination de Che­valiers bienfaisants et de la formule de leur réception, ou être gênés par des circonstances locales, dont nous remettons le ju­gement à la prudence de notre Éminentissime Grand Maître général, nous voulons et entendons leur laisser la liberté d’y ajouter les modifications jugées convenables, sans rompre ou altérer pour cela leur union avec l’ensemble de l’Ordre, dont la connexion plus étroite a été un des principaux mobiles de nos travaux.

Avons accordé pareillement aux trois Provinces françaises, qui depuis leur réforme nationale avaient adopté le titre de Chevaliers bienfaisants de la Cité Sainte, auquel elles attachaient un prix particulier, la liberté de continuer de s’en servir.

En conservant enfin à cette Chevalerie chrétienne une croix, un habillement uniforme, les noms d’Ordre et la bague pour se reconnaître, nous prescrivons pour les dates l’usage de l’Ère du salut et du calendrier réformé, en abolissant dans les actes celui de l’Ère de l’Ordre établie auparavant. »