Sens de la refondation de l’Ordre

Phénix-XVII.jpg

Nous avons conscience de ce que la « Proclamation refondatrice », annoncée le 15 décembre 2012 à Lyon lors du réveil du Grand Directoire des Gaules, et l’affirmation de notre volonté de retour aux fondements originaux de l’Ordre, pourront susciter comme surprise de la part des observateurs.

Pourtant, cette initiative se fait en amitié avec l’ensemble des juridictions maçonniques composant ce qu’il convient de désigner sous le nom de « famille rectifiée » (sic), à l’égard de laquelle nous avons de la bienveillance et un sincère et profond sentiment de fraternité, sachant l’importance de ce qu’elle représente, et en étant parfaitement instruits et respectueux de son histoire selon les différentes singularités qui la composent.

Il nous apparaît néanmoins, que les temps sont aujourd’hui venus, alors que s’ouvre un nouveau siècle dont le précédent fut celui du réveil du Régime en mars 1935, d’engager à présent une possibilité de « Refondation de l’Ordre », au sens générique du terme, avec pour seul moteur l’amour de nos devoirs de membres du Régime rectifié, et selon les critères propres à la Réforme de Lyon engagée lors du Convent des Gaules (1778), entérinée au Convent de Wilhelmsbad (1782).

Notre œuvre pourra paraître, à vue humaine tout au moins, symbolique et un rien étonnante de par la modestie de ses moyens à l’heure des grands regroupements obédientiels, des fédérations et de la constitution de structures transnationales.

Ceci nous le savons.

Mais nous nous plaçons sur un plan différent, notre action relevant d’un « autre ordre des choses » – à savoir celui de la fidélité initiatique et de l’authenticité doctrinale rectifiée -, l’une et l’autre, fidélité et authenticité, devant être protégées et préservées, alors que ne cesse de s’amenuiser ce qui faisait la valeur de la voie maçonnique de par un envahissement des forces profanes, ou dogmatiques, qui se sont emparées des domaines qui auraient dû, impérativement, se maintenir à distance des puissances de dissolution.

Notre action relève donc, autant du témoignage que du souci conservatoire, afin que le projet willermozien, tel que voulu et pensé par son fondateur au XVIIIe siècle, puisse être vécu et transmis, par-delà le temps, en sa vérité essentielle.

Nous ne prétendons pas à nous seuls incarner ou représenter « l’Ordre » dont, évidemment, toutes les branches de la « famille rectifiée » participent.

En revanche nous nous en revendiquons au titre de ses Principes et de nos qualifications, désireux d’œuvrer à sa préservation uniquement sous sa seule référence, ne souhaitant pas, à dessein, constituer un énième « Grand Prieuré » qui vienne grossir le nombre déjà fort conséquent de ceux déjà existants – sachant d’ailleurs, que l’idée même d’un « Grand Prieuré national » pour la France, est en contradiction d’avec les dispositions du Code de 1778 [1] -, ce qui n’aurait, de plus, aucun sens au regard de la perspective initiatique et spirituelle dans laquelle nous nous situons.

Croix-dOrdre-II.jpg

Même si l’on n’en comprend pas toujours entièrement les enjeux et la finalité ultime, il est clair, pour ceux qui se penchent avec attention sur ce système, que le Régime écossais rectifié oblige à un questionnement, un retournement, une réorientation intérieure complète comme l’indique explicitement la Règle maçonnique :

« Élève souvent ton âme au-dessus des êtres matériels qui t’environnent, et jette un regard plein de désir dans les régions supérieures qui sont ton héritage et ta vraie patrie. Fais à ce Dieu le sacrifice de ta volonté et de tes désirs, rends-toi digne de ses influences vivifiantes, remplis les lois qu’il voulut que tu accomplisses comme homme dans ta carrière terrestre. Plaire à ton Dieu, voilà ton bonheur ; être réuni à jamais à Lui, voilà toute ton ambition, la boussole de tes actions [2]. »

Telle est notre unique et identique volonté afin de contribuer, avec amour et fraternité, au rayonnement de l’authentique tradition willermozienne, et d’œuvrer à la Gloire de «l’Être éternel et infini qui est la bonté la justice et la vérité même qui, par sa parole toute puissante et invincible, a donné l’être à tout ce qui existe ».

frise-fleurie

Notes.

(1) Si le Code de 1778 prévoit bien comme seule instance dirigeante et représentative de l’Ordre sur le plan national, un « Conseil d’administration nationale ou Grand Directoire Écos­sais de France » (Code Général  des règlements de l’Ordre des C.B.C.STitre 5, Art. III), en revanche le terme « Grand Prieuré » ne peut s’appliquer, toujours selon le Code Général (Titre 3, Art. III), qu’à une Province et non à une Nation, sauf si cette dernière y est assimilée, ce qui n’est évidemment pas le cas pour la France qui compte trois Provinces (IIe d’Auvergne, IIIe d’Occitanie, Ve de Bourgogne).

(2) Règle maçonnique, Rituel du Grade d’Apprenti, 1802.